Lubero : Baisse du prix du quinquina sur le marché, les agriculteurs abandonnent la culture

Jonas Kiriko - Africa Reveal - 21 avril 2021

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Il s’observe un désintérêt vers la culture du quinquina dans le territoire de Lubero, dans la province du Nord-Kivu, depuis plus d’une année. Cette situation, qui dure depuis 5 ans, est due au fait que le prix a sensiblement baissé sur le marché. Les agriculteurs découragés remplacent carrément leurs plantations de quinquina par des eucalyptus ou des cultures maraichères.

Selon Jean-Marie Mulekya du Syndicat de Défense des Intérêts Paysans, SYDIP en sigle, explique : « Nombreux agriculteurs décident de replacer leurs plantations de quinquina par des cultures d’eucalyptus. Le prix est devenu très médiocre et les agriculteurs sont découragés. Le kilogramme coûte 1 000 ou 1 200 francs congolais. Un sac de 50 kilogrammes qui coutait 20 dollars coute 10 dollars alors que le quinquina est une culture trop exigeante en termes des moyens et des mains d’œuvre ».

une pépinière de 4 milles plantules peut couter jusqu’à 5 000 dollars américains

 

Plus personne ne se précipite devant des pépinières comme c’était le cas dans le passé. Le SYDIP informe avoir aménagé cinq pépinières de plantules du quinquina mais vu l’absence de clients, il craint des pertes énormes. « Nous avons même essayé d’aménager des pépinières d’environ 20 milles plantules, équivalant à 25 mille dollars, personne de se pointe pour acheter parce que les agriculteurs sont découragés. C’est tellement couteux d’entretenir les pépinières », plaide M. Mulekya.

Sachant qu’une pépinière de 4 milles plantules peut couter jusqu’à 5 000 dollars américains, il suffit d’imaginer combien les agriculteurs ont perdu, d’où un sentiment de découragement dans leur chef. « Nous recommandons au gouvernement à négocier le prix au niveau mondial. Pour nos acheteurs locaux, nous leur demandons de hausser le prix car entretenir le quinquina est tellement un fardeau pour les agriculteurs », lance-t-il.

Jacques Kaposo cultive le quinquina dans l’agglomération de Kimbulu en territoire de Lubero. Il a résolu de changer de culture à cause de la baisse du prix du quinquina.

« J’ai remplacé petit à petit ma plantation de quinquina par autre chose. Maintenant, une grande partie est occupée par des eucalyptus, alors que dans une autre, je préfère cultiver du chou et de la pomme de terre plutôt que de fournir beaucoup d’efforts sans aucune contrepartie. Avec le quinquina, c’est comme si on ne travaille pour rien », a expliqué cet agriculteur d’une cinquantaine révolue.

Des sacs de quinquina en attente d'acheteurs 

 

La culture du quinquina est pratiquée en grande partie dans les chefferies des Baswagha, des Batangi et des Bamate dans le territoire de Lubero dans la province du Nord-Kivu. Celle-ci est en vogue depuis les années 2000.

Ayant perdu leurs bêtes à cause des pillages des groupes armés, plusieurs fermiers ont transformé leurs pâturages sans troupeaux, en plantations de quinquina.

A cette période, ils avaient l’entreprise pharmaceutique « Pharmakina » qui a son siège à Bukavu, comme principal acheteur. Aujourd’hui, elle semble ne plus être intéressée par ce produit utile dans la fabrication de la quinine, un médicament qui combat le paludisme.


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