Cette céréale, la plus cultivée dans cette région, avec actuellement un apport limité d’engrais, est aussi l’une des cultures tropicales les plus sensibles aux changements climatiques.
Avec cette sensibilité, la hausse des températures à l’horizon 2081-2100 (jusqu’à 4°C) pourrait, même avec une fertilisation azotée des sols, faire subir une baisse significative des rendements du maïs de 14 à 26 %.
D’après Gatien Falconnier, chercheur au CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) et auteur principal de l’étude publiée dans la revue Global Change Biology, les projections du climat dans les 6 à 8 prochaines décennies montrent que le risque de chute des rendements du maïs est très élevé, en dépit d’une utilisation de fertilisants minéraux, et ne sera pas sans répercussions sur la sécurité alimentaire des populations des pays d’Afrique subsaharienne.“À court terme, nous devons redoubler d'efforts pour étendre les technologies existantes qui sont intelligentes face au climat afin que davantage d'agriculteurs puissent les adopter”
Tahirou Abdoulaye, chercheur à l’IITA
« Sans aucun apport en fertilisant azoté, une augmentation des températures de 4°C va occasionner une diminution des rendements de maïs de 14 %. Si les agriculteurs adoptent dès maintenant une utilisation des engrais minéraux plus importante comparativement à celle appliquée dans les pays du Nord, la hausse des températures conduirait à une baisse relative encore plus importante des rendements, jusqu’à 26 % », indique ce chercheur.
La population de l’Afrique sub-Saharienne devrait presque doubler pour avoisiner les deux milliards d’habitants en 2050 (contre seulement 1 milliard aujourd’hui). Aussi, explique-t-il, cette situation risque de peser lourdement sur la sécurité alimentaire dans la mesure où cette céréale occupe une place importante dans la base alimentaire des populations de cette région.
Tahirou Abdoulaye, chercheur à l’Institut international d’Agriculture tropicale (IITA), partage cette inquiétude et propose que la tolérance à la chaleur des cultures plus productives comme le maïs soit renforcée.
« Si les rendements du maïs baissent, cela aura des conséquences massives sur la sécurité alimentaire et sur le secteur agricole dans son ensemble. Actuellement, le maïs est utilisé pour la consommation humaine mais aussi pour l'alimentation de la volaille et d'autres industries. Une réduction des rendements du maïs aura des effets négatifs sur ces industries, ce qui compliquerait davantage le problème de la sécurité alimentaire », souligne ce dernier.
« À court terme, nous devons redoubler d'efforts pour étendre les technologies existantes qui sont intelligentes face au climat afin que davantage d'agriculteurs puissent les adopter. À moyen et long termes, nous avons besoin d'une recherche accrue pour développer davantage d'options pour améliorer la résilience et l'adaptation au changement climatique », précise Tahirou Abdoulaye.
Diversification
Pour faire face aux dégâts redoutés, Gatien Falconnier pense qu’on peut optimiser le choix variétal et le choix des pratiques agricoles (par exemple le recours aux associations de cultures avec des légumineuse et le recours à l’agroforesterie) en tenant compte des savoirs locaux des agriculteurs.« Actuellement, les agriculteurs utilisent principalement la diversification pour réduire le risque climatique. Ils adoptent également des variétés de cultures à maturation précoce pour réduire le risque de sécheresse terminale », soutient Tahirou Abdoulaye.
Le chercheur de l’IITA fait savoir que dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, cette institution, en collaboration avec des partenaires nationaux et des sociétés semencières, promeut des variétés de maïs tolérantes à la sécheresse dont l’adoption varie de 25 % à 40 % selon les pays.
Gatien Falconnier ajoute que « le développement de produits d’assurance adaptés au contexte des agricultures familiales du Sud, de prêts subventionnés ou de subventions directes pour l’achat d’intrants (tel que pratiqué dans les zones cotonnières) peut également être envisagé ».
« Le développement récent de la qualité des images satellitaires offre également des perspectives intéressantes pour la prévision saisonnière des rendements et la conception de systèmes d’alerte précoce en cas de risque de mauvaise récolte », dit encore l’agronome.
Toutefois, Gatien Falconnier estime que « le travail de recherche en partenariat avec les chercheurs et techniciens doit se poursuivre pour concevoir des techniques qui permettront de s’adapter toujours plus ».
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