Nord-Kivu: 14 ONG environnementales s’opposent à l'octroi des permis de pêche sur le lac Edouard

Jonas Kiriko - Africa Reveal - 20 mars 2021

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Des pêcheurs préparant leur filet au bord du lac Edouard
Des pêcheurs préparant leur filet au bord du lac Edouard - Africa Reveal - Jonas Kiriko

Fin février dernier, la ministre provinciale de l’agriculture, pèche et élevage Fatuma Hassan a effectué aux cotés de certains députés provinciaux, une tournée dans certaines pêcheries du lac Edouard. A cette occasion, elle avait évoqué l’idée d’octroyer des permis de pêche dans les enclaves de Vitshumbi et Kyavinyoge à la côte ouest de ce lac. Ce qui n’est pas du goût des organisations de défense de l’environnement qui estiment qu’il n’est pas concevable de livrer ces genres d’actes dans une aire protégée.

Dans une correspondance datant du 16 mars 2021et adressée au gouverneur du Nord-kivu, ces structures s’opposent aux mesures annoncées, le 24 février dernier, par la ministre provinciale de la pêche.

C’est dans l’objectif disait-elle, de réglementer la pêche sur le lac Édouard, principalement dans les enclaves de Vitshumbi et Kyavinyonge.

Pour l’Alerte Congolaise pour l’Environnement et les Droits de l’Homme (ACEDH) l’une des organisations signataires de cette correspondance, certaines mesures, si elles sont prises telles qu’énoncées, vont à l’encontre de la loi sur la conservation de la nature. 

Me Olivier Ndoole secrétaire exécutif de cette structure a indiqué à AFRICAREVEAL que la ministre provincial de la pêche ne pouvait pas appeler la population de ces enclaves à respecter la loi sur la conservation de la nature, et en même temps, prôner le paiement des permis de pêche dans une aire protégée.

« La loi n°14/003 du 11 février 20l4 relative à la conservation singulièrement à ses articles 24 et 25 il est spécialement dit que l’autorité compétente pour gérer les aires protégées c’est l’ICCN. C’est ainsi que notre action vice à recadrer l’acteur politique de rester dans le cadre précis par la loi. Le gouvernement provincial par rapport à la loi n’a pas la compétence pour gérer une aire protégée d’intérêt national et de surcroit, la pêche qui se situe au niveau d’une aire protégée qui relève de la compétence de la gestion de l’ICCN», a confié Me Ndoole.

Parmi les autres mesures prises par la ministre figure la  suspension de la perception de la redevance à la Coopevi jusqu’à nouvel ordre et ainsi que la suspension du comité des pécheurs de vitshumbi.

Pour les ONG, cette mesure viole la loi sur les associations sans but lucratifs et les  établissements d'intérêt Public.

La question de la gestion du parc national des virunga est plus technique que politique et doit se conformer aux textes nationaux ainsi qu’aux instruments internationaux ratifiés par la RDC, soutiennent les organisations environnementales.

Le député provincial Hope Sabini faisait partie de la délégation du ministre. Il précise que le gouverneur a reçu le rapport mais n’a pas encore pris de décision et que la correspondance des ONG n’est qu’une fuite en avant.

Cependant pour cet élu du territoire de Rutshuru, ces mesures rencontrent les besoins exprimés par la population des enclaves ci-haut évoquées. Parlant la question du permis de pêche, le député indique les enclaves de Vitshumbi et kyavinyonge bien qu’étant dans une aire protégée, jouissent d’un statut spécial.

Et d’ajouter que l’état devra prélever des taxes à travers ces permis afin de développer la zone.

« En acceptant que les personnes vivent dans une aire protégé ne fait pas d’eux des animaux. Voila pourquoi on parle d’une enclave où des personnes jouissent d’un statut spécial. Je ne trouve pas que ça soit ces ONG dont le rôle se limite à détourner le fonds des bailleurs, qui s’occupent de ces habitants qui ont besoin que l’état se préoccupe de leur bien être » explique le député.

A ce qui est de la suspension de la Coopevi et du comité des pêcheurs, l’honorable Sabini souligne que les Asbl dont fait partie la coopevi, sont régies par la loi.

«Si une asbl va à l’encontre des dispositions légales peut se voir frapper par une mesure d’ordre. L’autorité peut dissoudre ou restreindre les activités d’une association qui se substitue à l’état », a-t-il fait savoir.

 


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