Le poisson en provenance la pêcherie de Kyavinyonge sur le lac Edouard est devenu rare sur le marché dans les agglomérations environnantes, notamment les villes de Beni et Butembo. Cette situation est consécutive à la pêche clandestine encouragée par des groupes armés, mais aussi les arrestations répétées des pécheurs congolais par la marine ougandaise. Pour y faire face, le comité des pécheurs de Kyavinyonge (territoire de Beni) appelle l’état congolais à réglementer urgemment la pratique de la pêche sur le lac et à la démarcation de la frontière lacustre.
Selon Noé Mbusa du comité des pécheurs de la pêcherie de Kyavinyonge à plus de deux heures de voyage de Butembo à moto, 7 pirogues motorisées ont été saisis par la marine ougandaise le week-end dernier.
Les propriétaires des engins de pêche sont accusés d’avoir franchi les frontières lacustres entre la RDC et l’Ouganda. Ce qui fait un total de plus de 220 pirogues motorisées saisies et plus de 240 autres à pagaie détruits par la force navale ougandaise depuis le début de cette année.
Noé mbusa parle aussi de plus 1 000 pécheurs au chômage suite à cette situation. De son côté, Ise Bambesa, habitant de Kyavinyonge, indique que les groupes armés MaiMai prolifèrent sur le lac et encouragent la pêche illicite. Ces mêmes groupes prélèvent aussi des taxes par pirogue faute de quoi l’engin est saisi ou détruit. Voila autant des circonstances qui font que les poissons deviennent rares explique-t-il.
Le prix du poisson hausse dans les agglomérations environnantes
Une autre conséquence due à cette situation est que, sur le marché, le prix du poisson a grimpé et les clients n’ont pas assez de moyens pour s’en approvisionner.
Aline Kavira vend du poisson frais le long du boulevard Joseph Kabila. Elle raconte qu’auprès des transporteurs où elle se ravitaille, le poisson n’est pas disponible en quantité suffisante. Ce qui pousse ces transporteurs à spéculer sur le prix et ce sont les consommateurs qui sont pénalisées.
« Ce matin, nous étions autour de 5 revendeuses à vouloir obtenir le seul panier qui était disponible auprès de notre fournisseur. Imaginez à quel point nous nous sommes disputées pour en avoir ne fut-ce qu’une partie », explique-t-elle.
Le prix d’un tilapia, l’un des poissons le plus consommé dans la région, est passé de 2 500 à 3 500 voire 4 000 francs congolais. Cette situation impacte négativement sur la clientèle au restaurant d’Annie Mbambu dont le poisson est le menu principal. Selon elle, voyant la hausse du prix du poisson, elle a gardé le même tarif, alors que la quantité a été réduite. Ce qui amène ses clients à se plaindre. Son vœu est voir la situation revenir à la normale sur le lac Edouard.
Pour faire face à la hausse du prix, Francine Lwanzo, ménagère, recourt aux poissons importés dénommés "Thomson". Pour elle, avec un montant de 3 500 francs, l’équivalent d’un tilapia, l’on se procure environ 5 Thomsons suffisant pour nourrir son ménage de 8 personnes.
De plus en plus des chambres froides gagnent du terrain dans la ville pour conserver ces poissons provenant de l’étranger et dont le prix est accessible à toutes les bourses.
Patrouilles mixtes des armées congolaise et ougandaise pour réguler la pêche sur le lac Edouard
Afin de régler cette situation de continuel conflit entre les deux partie set qui impacte la vie des habitants de la région, les parties congolaises et ougandaises se sont convenus de la tenue des patrouilles régulières et mixtes incluant les deux armées.
La phase préliminaire des patrouilles conjointes des marins ougandais et congolais sur les lacs Edouard et Albert devrait être lancée au courant de ce mois de mars 2021. C’est à l’initiative du projet LEAF II, (Projet de gestion intégrée des pêcheries et des ressources en eau des lacs Edouard et Albert).
L’annoncé avait été faite à l’issue d’un atelier du lancement de la phase de sensibilisation, mardi 2 mars à Goma (Nord-Kivu) en debut du mois de mars 2021. Joseph Matungulu, coordonnateur national de Leaf II, qui s’exprimait sur Radio télévision communautaire Tayna RTCT émettant de Goma, a souligné que l'objectif est de promouvoir la conservation des écosystèmes des deux lacs.
Mais également, résoudre les conflits de gestions transfrontalières des leurs ressources. Les deux premières semaines du mois de mars devraient être consacrées à la sensibilisation pour l’implémentation de ce projet, a-t-il indiqué.
Pour Josué Kambasu de la fédération des pécheurs individuels du lac Edouard FECOPILE en sigle, le souhait est de voir cette patrouille mixte débouchée au plus vite au balisage effectif de la frontière maritime.
Celle-ci est longtemps source de conflits entre pêcheurs congolais et la marine ougandaise, qui taxe les congolais de débordement de la frontière liquide lors de l’activité de pêche sur le lac.
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