Climat : concentration record de CO2 en dépit des confinements liés à la Covid-19, selon l'OMM

ONU Info 24 novembre 2020

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Les niveaux de dioxyde de carbone augmentent à des niveaux records, malgré le ralentissement économique causé par la pandémie de Covid-19.
Les niveaux de dioxyde de carbone augmentent à des niveaux records, malgré le ralentissement économique causé par la pandémie de Covid-19. - Unsplash - Johannes Plenio

Selon l’OMM, le confinement a causé une réduction des émissions de nombreux polluants et de gaz à effet de serre tels que le dioxyde de carbone. Néanmoins, pour ce qui concerne les concentrations de CO2, qui sont le résultat des émissions passées et actuelles cumulées, les répercussions ne dépassent pas les fluctuations habituelles du cycle du carbone observées d’une année sur l’autre et la grande variabilité naturelle des puits de carbone tels que la végétation.

« La baisse des émissions liée au confinement ne représente qu’un petit point sur la courbe à long terme. Or, nous devons aplatir cette dernière de façon durable », a alerté le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.

Le bulletin annuel de l’OMM sur les gaz à effet de serre montre que la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère a brutalement augmenté en 2019 et que la moyenne annuelle a franchi le seuil de 410 parties par million. La hausse s’est poursuivie en 2020. Depuis 1990, le forçage radiatif total causé par les gaz à effet de serre persistants, qui induit un réchauffement du système climatique, s’est accru de 45 %. Le CO2 contribue à ce forçage à hauteur de 80%.

Les responsables du Projet mondial sur le carbone ont estimé que pendant la période la plus intense d’arrêt des activités économiques, les émissions quotidiennes mondiales de CO2 ont certes enregistré une diminution allant jusqu’à 17% en raison du confinement de la population.  « Alors que la durée et la sévérité des mesures de confinement restent floues, il est très difficile d’estimer la réduction annuelle totale des émissions en 2020 », précise l’OMM.

« La pandémie de Covid-19 ne résoudra pas le problème du changement climatique »

« Nous avons franchi le seuil mondial de 400 parties par million (ppm) en 2015. Et à peine quatre ans plus tard, nous avons franchi la barre des 410 ppm. Nos archives ne font mention d’aucune augmentation de la sorte », a déclaré M. Taalas.

Le dioxyde de carbone est le plus important des gaz à effet de serre qui persistent dans l’atmosphère et sont liés aux activités humaines. « La dernière fois que la Terre a connu une teneur en CO2 comparable, c’était il y a 3 à 5 millions d’années: la température était alors de 2 à 3 °C plus élevée qu’aujourd’hui et le niveau de la mer était supérieur de 10 à 20 mètres au niveau actuel, mais nous n’étions pas 7,7 milliards », a déclaré le Secrétaire général.

Selon des estimations préliminaires, la réduction annuelle totale des émissions en 2020 sera de l’ordre de 4,2% à 7,5%. Mais une telle réduction des émissions n’entraînera toutefois pas de diminution des concentrations de CO2 dans l’atmosphère cette année. L’OMM rappelle que ces concentrations sont le résultat des émissions passées et actuelles cumulées. Ainsi, d’après le bulletin de l’agence onusienne, il est impossible de faire la distinction à court terme entre l’impact des confinements dus à la Covid-19 et la variabilité naturelle.

« La pandémie de Covid-19 ne résoudra pas le problème du changement climatique. Toutefois, elle représente un tremplin pour lancer une action climatique plus soutenue et plus ambitieuse visant à réduire les émissions nettes à zéro en transformant complètement nos industries, nos systèmes énergétiques et nos transports », a fait valoir M. Taalas.

Pour l’OMM, les changements nécessaires sont économiquement abordables et techniquement faisables. « Ils n’auraient que des répercussions marginales sur notre vie quotidienne », a ajouté son Secrétaire général, saluant ce nombre croissant de pays et d’entreprises qui s’engagent à atteindre la neutralité carbone. « Il n’y a pas de temps à perdre», a-t-il insisté.

60% des rejets de méthane dans l’atmosphère sont d’origine humaine

A noter que les gaz à effet de serre, qui emprisonnent la chaleur dans l’atmosphère, font monter les températures et intensifient les conditions météorologiques extrêmes, la fonte des glaces, l’élévation du niveau de la mer et l’acidification des océans. Les trois principaux gaz à effet de serre persistants sont le dioxyde de carbone, le méthane et le protoxyde d’azote. 

Le dioxyde de carbone contribue à lui seul à environ deux tiers du forçage radiatif. La teneur de l’atmosphère en CO2 a augmenté plus rapidement entre 2018 et 2019 qu’entre 2017 et 2018 et que sur les dix dernières années en moyenne.

Quant au méthane, dont 60% des rejets dans l’atmosphère sont d’origine humaine (élevage de ruminants, riziculture, exploitation des combustibles fossiles, décharges...), sa teneur a augmenté légèrement moins rapidement entre 2018 et 2019 qu’entre 2017 et 2018, mais plus vite que sur les dix dernières années en moyenne. Il contribue à hauteur d’environ 16% au forçage radiatif induit par les gaz à effet de serre persistants. Environ 40% des rejets de méthane dans l’atmosphère sont d’origine naturelle (zones humides, termites, etc.).

Le protoxyde d’azote, qui est à la fois un gaz à effet de serre et un produit chimique appauvrissant la couche d’ozone, a atteint 332,0 ppb en 2019, soit 123 % de plus que les niveaux préindustriels. Quant à son taux d’accroissement entre 2018 et 2019, il a été également inférieur à celui observé de 2017 à 2018 et pratiquement égal à la moyenne des dix années précédentes. Ses émissions dans l’atmosphère sont à 40% d’origine humaine (engrais, procédés industriels...) mais pour le reste d’origine naturelle.

Plusieurs autres gaz sont également présentés dans le bulletin de l’OMM, notamment les substances appauvrissant la couche d’ozone réglementées par le protocole de Montréal. 


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