A l’occasion de la semaine nationale de lutte contre la RAM couplée au premier congrès de la société ivoirienne de microbiologie (SIM), du 18 novembre au 1er décembre à Abidjan et Yamoussoukro, les participants ont estimé que la résistance microbienne est devenue une « épidémie sournoise, un défi majeur qui touche aussi bien la
santé publique et animale que la protection de l’
environnement ».
Les participants ont introduit les travaux en faisant savoir d’emblée qu’on parle de RAM lorsque les molécules conçues pour tuer les germes (ou micro-organismes ou microbes) d’une infection n’arrivent plus à les éliminer.
“Les antibiotiques sont importants pour le traitement des maladies des hommes, des animaux et des plantes, mais ils doivent être utilisés de façon responsable, uniquement quand ils sont nécessaires, afin de ne pas créer une résistance”
Thomas Dadié, enseignant-chercheur à université Nangui Abrogoua d’Abidjan
A en croire Félicité Beugré, microbiologiste au Laboratoire national d'appui au développement agricole (Lanada), il arrive fréquemment aujourd’hui qu’on ne puisse pas traiter des animaux malades.
« Nous prenons l’exemple d’un cheptel de porcins avec des cas de diarrhée colibacillaire. Aujourd’hui on n’a plus de médicament pour traiter cette
maladie et les mortalités sont élevées », illustre cette dernière.
« Ce qui augmente les coûts pour les éleveurs qui sont chaque fois obligés de changer d’antibiotique. Et donc un coût de production élevé », analyse Félicité Beugré
Nathalie Guessennd, point focal de la lutte contre la RAM en Côte d’Ivoire, renchérit en disant que « la situation est alarmante, nous constatons une augmentation exponentielle des taux de résistance de ces micro-organismes aux antimicrobiens ».
Pour Mireille Dosso, directrice de l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire, la résistance aux antimicrobiens a tout simplement atteint un point de non-retour et elle concerne toutes les maladies.
Staphylocoque
D’ailleurs, une étude réalisée par le Centre national de référence des antibiotiques en Côte d'Ivoire indique que de 9% en 2002, le pourcentage de la RAM est passé à 46% en 2018.
Gisèle Kouakou, spécialiste des maladies infectieuses au CHU de Cocody (Abidjan), affirme que Le staphylocoque, bactérie responsable d'intoxications alimentaires et de diverses infections potentiellement mortelles, compte parmi les pathogènes les plus concernés par la RAM.
Mais, durant les travaux d’Abidjan, il a été également évoqué une montée inquiétante de la résistance aux antirétroviraux utilisés contre le
VIH-Sida.
Pour ne rien arranger, au terme d’un
rapport de l’évaluation externe conjointe (EEC) réalisé en 2016 par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) la Côte d’Ivoire a obtenu un score de 1 sur 5 sur chacun des quatre indicateurs liés à la gestion de la RAM.
Ce qui, à en croire Mireille Dosso, signifie que le pays n'avait "aucune capacité de réaction" face à la menace. C’est d’ailleurs le cas pour un certain nombre de pays d’Afrique subsaharienne.
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