Le mystère persiste sur une maladie qui touche les pêcheurs sénégalais

Pape Bess Diba - Scidev - 09 décembre 2020

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[DAKAR] Dans le cadre des investigations sur les causes de la maladie qui touche les pêcheurs sénégalais depuis la mi-novembre, la direction de l’Environnement et des établissements classés a désigné le Centre régional de recherche en écotoxicologie et sécurité environnementale ainsi que le centre antipoison comme laboratoires devant faire les analyses.

Les résultats des prélèvements de l’eau de mer révèlent la présence quasi-permanente de souffre même si aucune indication exacte sur l’origine de la maladie n’est à ce jour disponible.

Le ministre de l’environnement Abdou Karim Sall, devant l’Assemblée nationale, le 30 novembre, a indiqué qu’aucune piste n’est pour le moment écartée.

“Nous nous orientons désormais vers la piste des algues, puisque, d’après les informations que nous avons reçues des pêcheurs, la survenue de cette maladie a coïncidé avec une apparition massive d’algues”

Abdou Karim Sall, ministre de l’environnement

« Nous nous orientons désormais vers la piste des algues, puisque, d’après les informations que nous avons reçues des pêcheurs, la survenue de cette maladie a coïncidé avec une apparition massive d’algues dans les lieux indiqués », a-t-il souligné.

Le ministre de poursuivre en disant qu’en rapport avec le Centre antipoison « les filets et le carburant utilisés par les pêcheurs seront aussi analysés ».

Cette thèse des algues ne semble cependant pas faire l’unanimité auprès des scientifiques. Pour l’algologue à la retraite Abdourahmane Tamba Danfakha, la faible toxicité des algues ne peut être la cause de cette pathologie.

« La toxicité directe ne peut pas provoquer de dommages corporels. Au Sénégal, il n y a que les macro-algues que l’on appelle Caulerpa qui peuvent infecter indirectement l’homme mais à travers l’eau saine. Je ne suis pas persuadé que les algues par leur toxine, soient à l’origine de la maladie ».

Pour sa part, l’occasion d’une conférence de presse du gouvernement, le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, a écarté une origine virale. Mais le mystère persiste toujours quant aux causes de la maladie. La lumière scientifique peine pour le moment à éclairer les zones d’ombres.

Cette pathologie a fait son apparition le 12 novembre dernier, d’abord à Thiaroye-Sur-Mer, avant de s’étendre à d’autres localités, comme Joal, Cayar, Rufisque, Yène, Fass Boye où elle a été observée sur quelques pêcheurs partis en mer.

Elle se manifeste par des lésions dermatologiques sur le visage, les membres et même parfois sur les parties intimes ; sans compter que les yeux des personnes affectées sont larmoyants.

Au total, ce sont plus de 1 300 pêcheurs qui avaient été infectés par cette maladie. Mais à ce jour, il n’y a plus de malade dans les structures sanitaires.

Cependant, il est apparu ces derniers jours des cas de réinfection et de rechute qui suscitent des inquiétudes auprès des pêcheurs et autres acteurs du secteur de la pêche.

« Depuis quelques jours, nous avions pensé qu’on en avait fini avec cette maladie. Mais la réalité est tout autre. Car à Thiaroye-Sur-Mer, nous avons dernièrement enregistré plus de 50 de nos membres qui ont été infectés. Sur la cinquantaine, quatre sont des cas de rechute. C’est-à-dire qu’ils étaient déclarés guéris avant de rechuter », affirme Moustapha Diop, le président de l’Union des pêcheurs artisanaux

Du côté du ministère de la santé, le directeur du Service national de l’éducation et de l’information pour la santé, recadre les choses…

« Il ne s’agit pas de rechute, mais plutôt de re-contamination. Ce sont des pêcheurs qui ont été contaminés dans un premier temps et pris en charge puis déclarés guéris. Ils sont retournés en mer et c’est là qu’ils ont encore développé une symptomatologie similaire à la précédente », précise Ousmane Guèye.

Les autorités sanitaires ont tenu cependant à souligner que la maladie n’est pas contagieuse et qu’il n’y a aucun cas secondaire. D’ailleurs, apprend-on, tous les cas signalés ont évolué « favorablement sans complication ».

Dans tous les cas, cette maladie semble ralentir les activités des pêcheurs et autres de certains quais de pêche. Alors que certains se voient interdire d’aller en mer, les consommateurs, eux craignent une certaine contamination des poissons. Une hypothèse rejetée par le ministre de la pêche

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