Ebola : ces pratiques ayant concouru à la victoire rapide sur la 12è épidémie à Butembo-Lubero

Jonas Kiriko - Africa Reveal - 05 mai 2021

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Déclarée début février 2021 dans la zone de santé de Biena dans la chefferie des Baswagha en territoire de Lubero, la 12ème épidémie d’Ebola a été déclarée vaincue ce lundi 3 mai 2021 par le ministre de la santé, hygiène et prévention Jean Jacques Mbungani. Sur le terrain plusieurs acteurs sociaux s’accordent que le recours au personnel local fort de son expérience, ainsi que la vaccination d’un grand nombre d’habitants ont nettement contribué à la victoire rapide contre la 12è épidémie. Tous deux, des acquis de la 10è épidémie ayant sévis dans même région.

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Point de vérification des mesures sanitaires à l'entrée de la ville de Butembo

 

Dans son message au peuple congolais annonçant la victoire contre cette maladie, le ministre s’est appesantie sur la redynamisation des mécanismes d’alerte et l’engagement communautaire.

« Le risque élevé de résurgence des épidémies reste permanent et doit servir de signal fort pour que les systèmes de surveillance épidémiologique soient renforcés. Ainsi nous recommandons aux autorités sanitaires locales de continuer à maintenir les mécanismes d’alerte et de surveillance à base communautaire afin de rester vigilant pendant toute la période de l’après épidémie de la maladie à virus Ebola », a fait savoir le ministre, au cours d’un point de presse tenue à Kinshasa.

Il a par ailleurs, rassuré la population que les acquis de la riposte contre cette épidémie seront préserver dans les zones jadis affectées.

« Nous rassurons la population du Nord-Kivu qu’une équipe continuera de soutenir le transfert des compétences vers les prestataires locaux en vue de préserver les acquis de cette riposte », a ajouté le ministre.

Il a fallu trois mois pour mettre définitivement fin à cette épidémie d’Ebola contrairement à la 10eme qui a pris plus de deux ans.

 Mumbere Siriwayo a travaillé comme assistant psycho-social lors de la 10eme épidémie qui a menacé plusieurs zones de santé de la province du Nord-Kivu. Pour lui, la maladie a surgi dans un contexte purement hostile où des membres de familles, ainsi que l’entourage décourageaient les malades à aller se faire soigner dans des structures de santé.

Il se réjouit que l’équipe qui a travaillé dans la 12eme épidémie a eu une tâche facile.

« Il n’a pas eu de résistance des communautés comme on en a vécu par le passé où les ambulances et les équipes humanitaires étaient lapidées, mais aussi des structures de santé vandalisées ou incendiées. Cette fois-ci, les malades venaient sans être contraient, les communautés ne s’opposaient pas à l’enterrement digne et sécurisé. Ilya eu un engagement communautaire réel », a confié Siriwayo.

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Centre de traitement d'Ebola à Katwa

 

De son côté Edgar Katembo vice-président de la société civile estime que la vaccination a joué un grand rôle dans la limitation des contaminations en grande échelle. Il évoque aussi le cas le « Regeron et le mAb114», deux molécules dont l’efficacité dans le traitement d’Ebola n’est plus à démontrer et qui n’étaient plus des médicaments expérimentaux car certifiés par l’OMS.

« Lors de la 10eme épidémie les équipes de la riposte ont vacciné beaucoup de personne. Ce qui à mon avis a contribué à ce que la 12eme épidémie ne se propage plus jusqu’à contaminer un grand nombre des membres de la communauté des zones de santé qui ont notifié les quelques cas de malades », justifie-il.

A côté de cela, il faut souligner l’intériorisation des gestes barrières par la population notamment le lavage régulier des mains, l’interdiction de toucher les malades et de manipuler les cadavres.

L’équipe des soignants constituée essentiellement du personnel local a joué un rôle primordial dans la riposte contre la maladie.

Il n’y a pas eu du personnel expatrié qui, lors de la 10eme épidémie, était mal vu par les locaux qui se plaignaient des disparités salariales pour même travail.

Selon le ministre provincial de la santé Dr Nzanza Salita, qui s’adressait aux prestataires dans le CTE qui étaient en grève en mars dernier, cette 12eme épidémie est intervenu dans un contexte où l’on s’inspire des leçons tirées de la dixième épidémie.

« C’est entre autres, le fait de retenir le personnel travaillant déjà comme agent dans la zone de santé où la maladie est signalée. Ce qui veut dire qu’ils sont censés garder le salaire qu’ils avaient avant et au CTE ils travaillent en temps partiel. C’est pour nous éviter les accusations selon lesquelles les agents de riposte sont surpayés. Aussi, nous n’avons pas eu beaucoup de véhicules d’ONG humanitaires dont les convois à l’époque suscitaient des controverses avec ce qu’on appelait Ebola business. Le résultat obtenu est le fruit de votre savoir-faire », se félicitait le ministre qui s’adressait au personnel soignant.

Faisons remarquer que durant cette 12eme épidémie, 12 cas positifs ont été enregistrés dans les zones de santé de Biena, Butembo, Katwa et Musienene. Parmi eux, six ont été emportés par la maladie et six autres ont été déclarés guéris. Il s’agit de la deuxième épidémie d’Ebola à avoir été déclarée dans la région.


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