Le Parc national de Virunga et ses atouts majeurs font l’objet de toutes les attentions

Dolay Tshimange, Business et Finance 10 septembre 2020

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La récente naissance d'un petit gorille de montagne, le 8 janvier dernier, le tout premier pour l'année 2020, a été célébrée comme un grand événement. C'est la preuve de la restauration des écosystèmes et la valorisation durable des ressources naturelles dans cette aire protégée déclarée "Patrimoine mondial de l'humanité" et qui couvre 8 000 km². LE PARC national de Virunga (PNVi) fait partie des aires protégées de la République démocratique du Congo qui bénéficient des financements de l’Union européenne (UE). D’une manière générale, en finançant des projets dans le secteur de l’environnement en RDC, l’UE contribue aux efforts de limitation du réchauffement climatique dans le seuil prévu par l’Accord de Paris. Selon le rapport annuel 2018 de la COFED (service technique de l’ordonnateur national du FED), l’exécution du programme environnement et agriculture durable (E&AD), dont les objectifs sont de « stimuler le développement agricole et socioéconomique » des cinq aires protégées au bénéfice des populations, est entrée dans « sa phase de croisière ». En ce qui concerne le PNVi, et dans le cadre du 11è FED, l’UE appuie plusieurs projets. Volet conservation La diversité des habitats de la faune et de la flore est l’un des atouts majeurs du parc, qui lui confère sa reconnaissance en tant que patrimoine mondial selon l’UNESCO. L’équipe du PNVi ne ménage donc pas ses efforts pour maintenir la diversité et l’intégrité écologiques de ces habitats. C’est ainsi que depuis le début du programme E&AD, le PNVi a réussi à stabiliser le taux d’envahissement du parc autour de 20 % (18,5 % en septembre 2019). C’est le fruit des efforts entrepris dans le secteur centre, notamment grâce à l’installation d’une clôture électrique de 10 km qui doit être prolongée sur 70 km pour la sauvegarde du couloir écologique entre Ishasha et Nyamitwitwi, mais aussi grâce à l’intensification de la production du charbon de bois dans le secteur sud, notamment autour de Kibumba. Le Mont Tshabirimu abritant la dernière population de gorilles des plaines du parc est à nouveau sous contrôle après les attaques des Maï-Maï de 2018. Et les cinq individus présents sont toujours en bonne santé. Les études pour la réintroduction d’individus depuis le centre GRACE près de Butembo ont été relancées. À terme, l’équipe du PNVi souhaite relancer ce projet de réintroduction afin d’obtenir une population d’au moins 15 individus qui pourrait être viable, à la seule condition que la stabilité sécuritaire se maintienne. Quant aux gorilles de montagne, leur population est au plus haut depuis 1970. L’espèce a été retirée de la liste des espèces en danger critique de l’Union internationale de la conservation de la nature (UICN), et elle est maintenant cataloguée comme « espèce menacée ». Le dernier recensement dans le PNVi (2015-2016) fait état de 286 individus, et depuis, la population des gorilles de montagne habituée est de 4,7 % par an (hors migration-émigration de groupes habitués vers des groupes non habitués), un chiffre comparable au taux naturel de croissance de l’espèce. Deux nouvelles familles (68 individus) ont été habituées. Les touristes peuvent visiter celles-ci et ne doivent plus se rendre de l’autre côté du massif du Mikeno pour observer les gorilles. Par ailleurs, les recensements des traces laissées par les éléphants de forêt ont été intensifiés, et leur population est estimée actuellement à plus de 100 individus. Les éléphants de savane, habitués à traverser la frontière vers le Queen Elizabeth National Park (QENP), s’aventurent de plus en plus profondément dans les plaines du secteur centre du parc. Signe de l’impact positif de la clôture installée en 2017 et de la présence accrue des rangers dans cette zone. Du fait de leur mouvement depuis/vers le QENP, leur recensement ne donne pas de chiffres concluants à ce jour. L’hippopotame est une espèce emblématique du PNVi. Sa situation actuelle est préoccupante à cause de la persistance du braconnage sur les rives ouest du lac Edouard. Trente-sept carcasses ont été retrouvées en 2019. La population actuelle est estimée à 1 496 individus. L’équipe du parc espère pouvoir stabiliser la zone et obtenir une croissance d’environ 6 % par an pour les prochaines années. Volet développement En ce qui concerne le volet développement, l’équipe du PNVi travaille sur quatre grands projets : hydroélectricité, agriculture, tourisme et sécurité et lutte contre Ebola. L’électrification urbaine, semi-rurale et rurale vise la ville de Goma et les territoires de Lubero et Rutshuru en périphérie du parc. L’objectif est de produire 95 MW, répartis sur 8 centrales, soit environ 25 % de la demande énergétique de la province du Nord-Kivu. Cela fait du PNVi un modèle unique dans le monde pour la valorisation économique durable des ressources naturelles d’une aire protégée. Actuellement, la production fournie touche ainsi 18 infrastructures publiques (hôpitaux, écoles, éclairage public…), 314 000 personnes ; 6 400 clients connectés, 900 PME (soit plus de 3 400 emplois directs et plus de 13 000 emplois indirects dans les chaînes de valeur). Quelque 131 PME et 700 ménages bénéficient des crédits pour aider au raccordement. L’équipe travaille actuellement sur une méthodologie efficiente pour évaluer les impacts sur la santé et la scolarisation de la population riveraine. La première enquête réalisée auprès des clients montre que 10 % à 12 % des employés sont des anciens membres des groupes armés. Malgré le retard dans le démarrage, le projet agriculture et développement durable en périphérie du PNVi monte rapidement en puissance, et plusieurs études sont en cours. Le projet appuie déjà plus de 600 agriculteurs par mois et 12 coopératives agricoles. À Kibumba, une zone de maraîchage a été aménagée. La production de graines de chias pour leur haute valeur ajoutée est effective. La culture en contre-saison assurera un revenu continu aux agriculteurs. À Lubero, les plantations de café sont aménagées, l’impact de la centrale d’Ivingu évalué et les services environnementaux pour la stabilisation de l’érosion payés. Concernant la pêche dans le lac Edouard, l’équipe envisage l’implantation de chambres froides le long de la route de Goma, dont 14 ont déjà été installées. Une chocolaterie a été installée et devrait entrer en production au début de 2020. Le tourisme reste très dépendant de la situation sécuritaire. L’attaque de mai 2018 et la crise d’Ebola ont eu un impact majeur sur les réservations. On estime qu’environ 2 000 membres de groupes armés sévissent à ce jour dans le parc. Le chiffre d’affaires de ces groupes est probablement supérieur à 100 millions de dollars par an. Le secteur centre est le plus touché avec l’invasion organisée des champs à l’Ouest et l’exploitation illégale des ressources du lac Edouard. Mais la présence renforcée de l’ l’Institut congolais de la conservation de la nature (ICCN) permet de repousser ces groupes au-delà des frontières du parc. Cela fait que le parc enregistre environ 15 000 touristes depuis 2015, ce qui a permis de générer plus de 11 millions de dollars de revenus pour le parc, l’ICCN et les communautés riveraines. Concernant la lutte contre l’Ebola qui sévit dans la province du Nord-Kivu, le parc apporte sa contribution déterminante à la prévention contre l’expansion de la maladie. En accord avec le ministère de la Santé publique et l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies, des postes de contrôle ont été installés sur les routes qui traversent le parc en direction de Kasindi vers l’Ouganda et Goma vers le Rwanda.

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