Eruption Nyirangongo : Des ONG alertent sur le risque d’envahissement du parc des Virunga après le ravage des champs par la lave 

Jonas Kiriko - Africa Reveal - 15 juin 2021

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Dans un rapport paru ce lundi14 juin la FOPAC (Fédération des organisations des producteurs agricoles au Congo), le FAT (Forum des Amis de la Terre-Grands Lacs), SOCOCAR (Société congolaise de la cartographie) et la CONAPAC (Confédération Nationale des Producteurs Agricoles du Congo) indiquent que plus de 1500 ha des champs, dont au moins 1200 ha des terres arables, ont été envahis par la lave lors de la dernière éruption du volcan Nyiragongo le 22 mai 2021.

Dans ce rapport, ce groupe d’organisations paysannes mentionnent avoir visité les zones sinistrées, notamment les territoires de Nyiragongo et de Masisi et soulignent, des effets négatifs graves sur les activités agropastorales suite à la coulée de lave dans des champs. L’entité la plus touchée c’est le territoire de Nyiragongo qui renferme 90% des terres détruites par le volcan.

Des pertes énormes du bétail et des récoltes champêtres

Ces structures dans leur rapport disent avoir identifié plus 39 milles producteurs qui ont perdu leurs récoltes dans des champs érigés dans le périmètre ayant connu la coulée de lave, dont une ouverture a coulé vers le Rwanda avec une largeur d’environ 2 Kilomètres et une longueur d’environ 6 kilomètres. Les cultures les plus touchées sont notamment la pomme de terre, le haricot, la banane et l’eucalyptus. A cela s’ajoute et l’élevage de petits bétails.

« Plus ou moins 39 168 producteurs ont été directement affectés ou ont perdu leurs récoltes dans les champs suite à la coulée de lave, si on considère la moyenne de 32 producteurs par hectare compte tenu de la moyenne d’une exploitation familiale dans la zone dévastée. Des pâturages communautaires dévastés par la lave privant ainsi les éleveurs du fourrage pour les bêtes (…) Un nombre important de têtes de bêtes ont été englouties et d’autres perdues lors des fuites », révèlent ces organisations.

Dans le territoire de Masisi, du côté de Sake, le rapport mentionne que le volcan a déversé de la cendre qui a détruit les cultures de haricots, manioc, pomme de terre et patate douce.

Ce qui fait craindre la hausse du prix de certaines denrées alimentaires, notamment les pommes de terre, la farine de manioc.

« Les différents produits vont disparaître suite à l’absence de semences. Des bétails ont été consommés aussi, parfois, suite à la peur du vol par les déplacés et à la hausse des prix », prévient-il. 

De l’incertitude pour les agriculteurs et les éleveurs

Ces organisations notent un lendemain incertain pour les agriculteurs et éleveurs des zones sinistrées.

« Les champs qui n’ont pas été brûlés par la lave du volcan ont été soit directement séchés soit alors couverts par d’énormes quantités de cendre. Les éleveurs ont des problèmes pour trouver des fourrages pour les bétails étant donné la cendre qui a couvert tous les champs et pâturages. Ces répercussions vont jusque dans les territoires de Masisi et Goma. Et les légumes également vont sécher à cause des cendres et la chaleur intense qui envahit les milieux proches du volcan », s’inquiètent-elles.

Le parc des Virunga risque un envahissement

La FOPAC (Fédération des organisations des producteurs agricoles au Congo), le FAT (Forum des Amis de la Terre-Grands Lacs), SOCOCAR (Société congolaise de la cartographie) et la CONAPAC craignent que les sinistrés puissent de nouveau envahir le parc des Virunga à la recherche des nouvelles terres arables.

« La superficie totale des terres arables arrachées aux producteurs agricoles est estimée à plus ou moins 1224 hectares. Ces terres sont inutilisables pendant au moins 50 ans, soit jusqu’à 2070. Dans un territoire ou la terre est rare et où la cohabitation des populations autochtones et le parc pose déjà problème, les risques de voir cette population envahir davantage le parc pour la recherche des terres arables, sont devenus très élevés », tirent-elles la sonnette d’alarme.

Elles regrettent que ces conséquences de l’éruption volcanique sur les activités agropastorales ne puissent pas attirer l’attention du monde.

« On parle plus de la catastrophe en ville de Goma, qui a été touchée à la suite au déplacement des populations. On oublie les milliers de tonnes   de produits vivriers perdues dans les champs dévastés. Aucune représentation des paysans producteurs dans le comité de crise mis en place par les instances gouvernementales. C’est une conséquence de considérer la question des victimes du volcan comme étant ceux habitant la ville de Goma seulement », fustigent-elles.

Pour sauver la situation

Ces organisations proposent des actions en court et moyen termes. En court terme, c’est par exemple :

« Procéder à une réhabilitation des producteurs en fournissant des vivres jusqu’à la production locale. Envisager pour le PASA-NK des mesures d’annulation des crédits accordés et mettre en place un refinancement en termes de don et non de crédit. Pour ceux qui souhaitent se déplacer, actionner le Fond Innovatif pour l’accès à la Terre chez FIAT via le FAT pour faciliter l’accès sécurisé dans les milieux de nouvelle installation. Négocier avec les concessionnaires locaux l’accès aux terres par les paysans sans terres victimes du volcan (…) », préconisent-elles.

En moyen terme, c’est par exemple mettre en place une politique de peuplement des nouvelles terres vers l’Ouest de la province. Favoriser le dialogue entre les chefs terriens et coutumiers pour favoriser le glissement et l’installation des terres encore disponibles vers l’Ouest. Créer des pâturages communautaires plus adaptés afin de protéger les bétails contre les différentes catastrophes comme la sécheresse, les pluies abondantes et éventuellement les effets des volcans ».

En séjour à Goma, le Président de la République Félix Tshisekedi est allé faire le constat des dégâts causés dans le parc des Virunga, dont une partie a été ravagée par la lave. 


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